21 août 2012

Les âmes grises, Philippe CLAUDEL.

Les âmes grises,
Philippe CLAUDEL.


Edition : Le livre de poche.
280 pages.
6,50€


Résumé :



Elle ressemblait ainsi à une très jeune princesse de conte, aux lèvres bleuies et aux paupières blanches. Ses cheveux se mêlaient aux herbes roussies par les matins de gel et ses mains s'étaient fermées sur du vide. Il faisait si froid ce jour-là que les moustaches de tous se couvraient de neige à mesure qu'ils soufflaient l'air comme des taureaux. On battait la semelle pour faire revenir le sang dans les pieds. Dans le ciel, des oies balourdes traçaient des cercles. Elles semblaient avoir perdu leur route. Le soleil se tassait dans son manteau de brouillard qui peinait à s’effilocher. On n'entendait rien. Même les canons semblaient avoir gelé.
"C'est peut-être enfin la paix ... hasarda Grosspeil.
- La paix mon os !" lui lança son collègue qui rabattit la laine trempée sur le corps de la fillette.


Mon avis : 

Un récit qui nous fait voyager dans une petite ville dont on ne sera jamais réellement le nom et qui nous bouleverse. Nous sommes au moment de la Première Guerre Mondiale, les habitants de cette petite ville auront la 'chance' de ne pas être envoyés au front pour autant nous découvrirons qu'ils se feront leur propre guerre qui sera quasiment aussi atroce que celle qui se déroule à quelques kilomètres de là. La lecture est attachante et absorbante, nous y trouvons de nombreux passages finement rédigés. Nous entrons rapidement dans l'histoire qui sera le fil conducteur de ce roman : la mort d'une jeune fille. Ce qui est étrange est que durant les premières pages, tout se suit puis d'un coup, nous rencontrons un personnage de ce fait nous en avons la description, des faits qui le qualifie, des particularités de ce dernier puis, nous découvrons un autre personnage, nous le découvrons etc et ainsi de suite. De ce fait, après avoir découvert le corps sans vie de la jeune fille, nous sommes près à partir pour plusieurs chapitres sans que l'on ne nous parle à nouveaux de ce drame. Cela m'a un peu dérangé jusqu'au moment où le narrateur nous annonce (p107) :

"Il faut maintenant que je me reporte au matin de 1917, où j'ai laissé au bord du canal tout gelé le petit corps de Belle de jour [...] Tout cela a l'air embrouillé, [...] mais au fond, c'est à l'image de ma vie, qui n'a été faite que de morceaux coupants, impossibles à recoller. Pour essayer de comprendre les hommes, il faut creuser jusqu'aux racines."


Dès lors, j'ai compris que c'est en passant d'un évènement à un autre que l'on allait découvrir ce qu'il s'est passé, que l'on allait nous dévoiler les 'pourquoi du comment' et ce fut très agréable. J'ai donc hâte de découvrir d'autres romans de cet auteur en espérant retrouver sa manière d'écrire.

Citations

"On dit souvent que l'on craint ce que l'on ne connaît pas. Je crois plutôt que la peur naît quand on apprend un jour ce que la veille on ignorait encore."

"La mort brutale prend les belles choses, mais les garde en l'état."


"La folie, c'est un pays où n'entre pas qui veut. Tout se mérite."


"Les bonnes gens partent vite. Tout le monde les aime bien, la mort aussi. Seuls les salauds ont la peau dure. ceux-là crèvent vieux en général, et parfois même dans leur lit. Tranquilles comme Baptiste."


"On sait toujours ce que les autres sont pour nous, mais on ne sait jamais ce que nous sommes pour les autres."





Un roman, un film. 

2 commentaires:

  1. J'ai vraiment hâte de le lire :). Je suis bien contente de ne pas avoir vu le film du coup !
    Oui de bonnes lectures en perspective ! J'ai hâte :D.

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    1. C'est le premier roman que j'ai lu de cet auteur et j'ai bien aimé mais surtout, j'ai envie d'essayer d'autres titres ! :)

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